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Est ce bien ma lettre, qui a merité les choses obligeantes, que le Marquis a dit
a ce sujet, ou ne les dois-je pas plutôt a la maniere, dont Vous l’avés fait valoir? Quoi
qu’il en soit, ils me font d’autant plus de plaisir, qu’ils me donnent l’esperance
de faire a mon retour a Berlin la connoissance d’une personne, dont la reputation
d’ami du Roi avoit attiré mon attention et celle d’honet. homme mon estime de
puis longtems. Mais ce n’est pas la seule obligation, que je Vous ai. Vous Vous êtes
chargé de mes commissions, et Vous Vous en êtes acquitté avec une promptitude, que
je reconnois avec bien des remerciements. Je voudrois en revange pouvoir rendre mes
lettres interessantes par des nouvelles politiques, mais on a ici tres peu de nouvelles
des armées et encore moins de positifs. Le Roi, apres avoir passé l’Elbe près de Des-
sau, s’est joint aux corps de [Hülsen] et du Prince de Wurtemberg et marche de
nouveau vers Torgau. On dit que le Marechal Daun s’avance vers Leipsic, ou
le Duc de Wurtemberg est a present; en ce cas les plaines de Breitenfelde pourroient
et Dieu veuille, que cela se fasse, servir pour la seconde fois de theatre a l’abaisse
ment de l’orgueuil Autrichien. Si Tottleben demande, que le Magistrat de Berlin
envoye jusqu'a Petersbourg une deputation pour obtenir la remission des contribu-
tions, ce seroit en effet une humiliation, que je verrois a regret. La gloire, quand même
elle seroit l’objet frivole des empressements d’un particulier, sert quelquefois autant a
la surete d’un êtat qu’une armée, et un êtat, qui se laisse insulter ou entrainer a des demar-
ches indecentes, n’est pas loin de la ruine; mais il est quelquefois très [...]
les loix de la nécessité, de l’honetteté et de l’honneur. Je plains [...]
Berlin, ou les Cosaques exercent a ce qu’on dit, encore journellement les cruau
tés ordinaires a ce peuple sauvage. Jusqu’ici mes terres n’en ont point souffert; m[...]
depuis qu’ils ont êté a Neustadt, qui n’en est eloigné, que de trois lieus, je crains to[...]
les jours, d’en recevoir des tristes nouvelles, si l’hyver ne met bientôt fin a leurs bar[...] -
ries. S’il n’y a point de changement dans les affaires, je conte retourner a Berlin
vers le milieu du mois prochain, et je me rejouis d’avance du plaisir, de pouvoir [...]
assurer de bouche de l’estime et de l’amitié, avec laquelle je suis, Monsieur
Votre tres humble serviteur B.
a Magdeburg ce 31 d’Octobre 1760.
Est ce bien ma lettre, qui a merité les choses obligeantes, que le Marquis a dit a ce sujet, ou ne les dois-je pas plutôt a la maniere, dont Vous l’avés fait valoir? Quoi qu’il en soit, ils me font d’autant plus de plaisir, qu’ils me donnent l’esperance de faire a mon retour a Berlin la connoissance d’une personne, dont la reputation d’ami du Roi avoit attiré mon attention et celle d’honet. homme mon estime depuis longtems. Mais ce n’est pas la seule obligation, que je Vous ai. Vous Vous êtes chargé de mes commissions, et Vous Vous en êtes acquitté avec une promptitude, que je reconnois avec bien des remerciements. Je voudrois en revange pouvoir rendre mes lettres interessantes par des nouvelles politiques, mais on a ici tres peu de nouvelles des armées et encore moins de positifs. Le Roi, apres avoir passé l’Elbe près de Dessau, s’est joint aux corps de [Hülsen] et du Prince de Wurtemberg et marche de nouveau vers Torgau. On dit que le Marechal Daun s’avance vers Leipsic, ou le Duc de Wurtemberg est a present; en ce cas les plaines de Breitenfelde pourroient et Dieu veuille, que cela se fasse, servir pour la seconde fois de theatre a l’abaissement de l’orgueuil Autrichien. Si Tottleben demande, que le Magistrat de Berlin envoye jusqu'a Petersbourg une deputation pour obtenir la remission des contributions, ce seroit en effet une humiliation, que je verrois a regret. La gloire, quand même elle seroit l’objet frivole des empressements d’un particulier, sert quelquefois autant a la surete d’un êtat qu’une armée, et un êtat, qui se laisse insulter ou entrainer a des demarches indecentes, n’est pas loin de la ruine; mais il est quelquefois très [...] les loix de la nécessité, de l’honetteté et de l’honneur. Je plains [...]
Berlin, ou les Cosaques exercent a ce qu’on dit, encore journellement les cruautés ordinaires a ce peuple sauvage. Jusqu’ici mes terres n’en ont point souffert; m[ais] depuis qu’ils ont êté a Neustadt, qui n’en est eloigné, que de trois lieus, je crains to[us] les jours, d’en recevoir des tristes nouvelles, si l’hyver ne met bientôt fin a leurs bar[ba] ries. S’il n’y a point de changement dans les affaires, je conte retourner a Berlin vers le milieu du mois prochain, et je me rejouis d’avance du plaisir, de pouvoir [vous] assurer de bouche de l’estime et de l’amitié, avec laquelle je suis, Monsieur Votre tres humble serviteur B.
a Magdeburg ce 31 d’Octobre 1760.