
Staatsbibliothek zu Berlin / Handschriftenabteilung
Weiterverwendung nur mit Genehmigung der Staatsbibliothek zu Berlin
Il est tems que je reprenne mon journal, pour Vous en transcrire un extrait : j’etois resté
au 2 de Mars, auquel jour je fis encore quelques visites : d’ailleurs, rien de remarquable
le 3 de même. Le 4 je fûs à l’eglise françoise, nous dinames en grande Compagnie chez
Papa, nous allames ensuite promener en trainteaux au nombre de 12 : le soir la
Compagnie passâ chez moi et restâ à souper. La Maladie de mon père commença le
lendemain (le 5) avec des fortes douleurs de rhumatisme : le Prof. Fracher qui devoit diner
chez Papa, dina chez moi : le 6 mon père se fit appliquer une mouche cartarite
le 7. Je fis quelques visites, et je me rendis ensuite à la Societé oeconomique, où
je me fis donner une emprinte d’argent de la Medaille pour le prix à 35 Ducats.
et pour laquelle je païai 5 Roubles 85 Cop. La medaille represente le buste de S.M.I.
avec cette legende Е. М. Екатерина. II. Импераm и самодер bсероссïuск
c.à.d. Catherine II. Imperatrice et Autocratrice de toutes les Russies.
On voit sur le Revers une figure femelle tenant d’une main un laurier et de l’autre la
caducée, elle est assise sur des gerbes, et de loin se présente undes champs, un laboureur etc.
La legende en est a c.a.d. Pro labore à peu près.
le 8. Mon père se fis appliquer une fontenelle. Il-y-avoit chez moi grande compagnie
et entre autre une de mes cousines, née à Astracan et mariée depuis peu avec un
Marchand anglois et né à Orchangel : le 9 rien de remarquable : le 10 de même excepté
les visites que je recûs.Mon père commença à se mieux porter : le 11 nous primes
subitement la resolution d’aller à Cronstadt, je fis atteler deux grands Traineaux,
ma femme, mes enfans et moi se placerent dans l’un, et mon frère le Medecin avec
sa femme et Mll. Lehmann dans l’autre, nous partimes vers midi et arrivames heureuse-
ment vers 2 heures après midi. Apr en traversant tout droit la mèr : nous descendimes chez
ma Cousine Wilson, la même dont je viens de parler : nous y fûmes très magnificement régalé, et
mes autres parens, qui demeurent à Cronstadt, nous vinrent voir ; nous leur rendimes
la visite le lendemain matin et après nous avoir promené en cette ville, nous nous remimes
en chemin vers 1 heures après midi et à 3 heures nous fûmes de route chez nous. Je
recû encore ce même jour (le 12) la visite de Mr. de Stehlin, qui me communiquâ la
lettre très notable de S.M.I. dont il Vous aura sans doute envoé Copie. Le 13.
beaucoup des visites rendues et recûes reciproquement sans qu’aucune ne se soit perdûe.
Mon père continua de se mieux porter. Le 14. je rendis visite à feu notre Pasteur Dilhei
qui alors étoit bien mal, il étoit tout à fait paralitique, je fis encore quelques autres
visites ; je me promenai ensuite en voiture avec ma femme. Le 15 je commencai à prendre
des leçons en le pour apprendre la langue russe, nous avions quelques uns à diner, et
le soir nous passames chèz le Prof. Fischer, où il y avoit grande compagnie. Le 16
rien de remarquable, le 17 de même, le 18 nous dinames tous chèz mon père, qui même étoit
de la compagnie et de très bon humeur : le soir chez mon frère le Docteur.
Le 19. je reçûs de lettres de Vous très-honoré Oncle. Nous eumes une Visite d’une Cousine de
Cronstadt née en Perse, et comme la Glace de la rivière commenca à devenir impracticable pour
traverser, elle resolû de demeurer chez moi jusqu’à ce que la Communication par eau sera ouverte.
Le 20. mon père rétomba malade, sce n’etoient plus des douleurs de rhumatisme au bras mais des douleurs
au bas ventre accompagnée avec des terribles angoisses : j’euxs quelques personnes à souper.
On commenda des sentinelles pour empecher qu’aucune voiture *ne* passât la rivière, et on
construisit un petit pont pour pouvoir traverser à pied. Le 21, j’en fis l’experience, je passai
avec Mr. de stehlin cle petit pont, je me mêttai ensuite dans sa voiture et je dinai chez lui ;
nous allâmes de là à la Societé Oeconomique : Mr. Model me remaneras jusqu’au petit pont
et mon carosse m’attendoit dejà de notre coté. Le 22. je me promenai à pied et j’allai
faire ma réverence au Comte Hetmann Rasoumowski, ce Seigneur me recût très gracieusement
il s’entertint avec moi une bonne demi heure, mais il ne me parla pasoint des affaires
academiques. Le 20, je recûs quelques visites ; Le 24 rien de remarquable ; Le 25.
j'eus une nombreuse compagnie chez moi, qui resta à souper: Le 26 je fis quelques visites.
Le 27. j’eus une grande épouvante : etant à la Commission, on vint me dire, que je devois à l’instant
me rendre à la maison, mon père tendant à sa fin : je me précipitai dans la voiture, et effecti-
vement je trouvai mon père très mal : mon frère avoit fait appeler encore un second medecin.
Heureusement les terribles angoisses, cesserent, et mon père echapà. Notre Pasteur Dilthei
prit ce même jour une fièvre pourpée, on fit appeler mon frère pour assister à un conseille
dues medecins, mais la situation de mon père ne lale lui permettâpermit pas. Le 28 je reçûs la
triste nouvelle que notre digne et bien-aimé Pasteur etoit mort à 3 heures du matin.
Nous sommes aprésant dans un très grand embarras et nous ne savons pas d’où
prendre un autre à la place du defunt ; on nous a récommendé le Prof. Kulenkamp
de Gottingue, mais Dieu sait s’il l’acceptera. Si Vous savez, Monsieur et très-honoré
Oncle quelqu’un, qui fût en etât de precher en françois et en allemend, Vous obligerez
infiniment notre Eglise en nous l’indicant : nous souhaitons avoir un bon predicateur,
et nous lui donnerons volontiers 600 Roubles (le feu Dilthei n’avoit que 500) il
aura encore logement, Valets, bois et chandelles franc, et la communauté ne
manquera pas de lui procurer mille petite benefices. Mon pere commencâ à se
mieux porter. Le 29 rien de remarquable : Le 30, Mon frère le medecin et moi allâmes
à l’église françoise, où le Pasteur suedois prononça le discours funebre du defûnt
Pasteur. toute la communeaité étoit présente excepté les quelques dames et quelques autres
qui demeurant à Wasiliostrow, ne pouvoient pas passer la rivière. Le defunt fût
ensuite porté dans un Cavot le Cavôt de l’eglise de St. Pierre, d’où il est aussi maintenanta eté transporté sur le [am Rande: par eau] aux cimetières de notre église qui est à Wasiliostrow. Le 31. Rien de remarquable.
Le 1 Avril j’allais avec ma femme dans l’église lutherienne de Wasiliostrow. Nous
passâmes la soirée chez mon frère le medecin : La Glace de la rivière rompit,
le petit pont fût deçchiré, et il-y-eut quelques pauvres gens de noyés. Le 2 je
reçus
17
recû une Lettre de Vous. Le 3. Quelques visites. Le 4 jour de naissance de mon cher père, qui
s’etablissoit peu à peu ; Le 5 jour de naissance de ma mère : il gelà bien fort cette nuit.
Le 6. La rivière fût de nouveau couvert de Glace eton avoit de la peine à traverser en chaloupe. Le 9. Mr. de Stehlin me fit dire que Gmelin etoit heureusement arrivé : ma femme se fit
saigner et se promenà en voiture. Le 7. Mon frère Cadet et moi primes une traversames en Chalouppe
et firent plusieures visites de l’autre coté ; nous dinames chez Mr. de Stehlin, et y fimes connoissance avec
Gmelin, qui nous accompagna ensuite chèz nous, après quoi nous l’envoyâmes voir son
logis academique. Le 8. Nous dinames tous chez mon père ; la rivière fût de nouveau couverte
de Glace et devint presque solide : on m’assura que quelques soldats aient traversé la rivière
à pied : cependant la Glace s’en allâ encore le même jour ; j’avois à souper la compagnie
de dimanche. Deux anciens et deputés de notre Eglise vinrent m’avertir que le consistoire
avoit jugé à propos de me nommer tûteur du jeune Dilthei : je l’acceptai à condition
que ces messieurs me joignissent un Aide qui soit mieux au fait des affaires d’ici que je
le suis : ce ci me fût accordé et on me donnâ pour Aide le Pasteur Suedois ; j'aje dois
aussi prendre place au consistoire pour aider à regler toutes les affaires de l’eglise. Le
9 je dinai chez le Feldmarschal Munnich en nombreuse compagnie qui. Ce Seigneur se porte
aprésent très bien et a été extremement contenjoyeux : il avoit justement recû la nouvelle
que sa petite fille etoit devenue Grand-mère. Le 10 je recûs quelques visites. Le 11, les
deux anciens de notre église vinrent encore me voir, comme mon père se portait assés bien,
je les menai chez lui et nous y dinames. Le 12 Rien de remarquable. Le 13, Ma femme
et moi traversâmes la rivière (toujours en Chalouppe, car avant que toute la Glace du
Lac de Ladoga ne soit passé, on ne pernsera pas à remêttre le grand Pont) nous fimes
une visite à Mad. Poggenpohl, qui nous invita de venir diner Lundi prochain. Le 14
j’eus la visite de Mr. de Stehlin ; mon père prit une forte colique. Le 15, ma femme, mes
enfans et moi promenèrent en voiture : le soir chèz mon frère le medecin, où il-y-avoit
compagnie : Le 16 fût introduit le Prof. Gmelin: mon beau-frère, ma soeur déleu, ma
femme et moi allerent diner chez Poggenpohl; c'étoit mon jour de mariage et il y avoit
grande Compagnie: j’ecrivai encore le même jour prèsque à minuit une lettre à Vous,
Monsieur et très-chèr Oncle : mon père devint fort mal. Le 17. mon père se porta mieux :
les anciens de l’eglise me vinrent voir et rapporter les reponses qu’ils ont eu de Moskou,
Le. 18. Mon père continue à se mieux porter ; ma femme fit quelques visites et j’allais à la
Societé oeconomique. Le 19 j’ecrivai dix lettres excepté les billets ; dans je compte que Vous aurez recû
Monsieur et très-honoré Oncle ! celle que je Vous avois adressé. Le 20 nous dinames tous chez
mon père, en nombreuse compagnie. Le 21 de grand matin à 7 heures, je fûs chez le jeune
Dilthei et le menai présenter au General Polmann, à qui le Comte Grégoire Orlow avoit
donné ordre de fournir tout ce que ce pauvre Orphelin pouvoit avoir besoin ; je fis encore
quelques visites : c’etoit d’ailleurs un jour de Grand Galla, et toute la ville fût illuminées.
J’avois quelques Gartes à souper. Le 22. Encore une grande flux de Glace inondation de Glace
Mon père reprit son rhumatisme, d’ailleurs il se portoit assés bien. La Compagnie du Dimanche
etoit chèz moi. Le 23. je commencai à faire l'invfaire l’inventaire des effèts du defunt Pasteur,
ce qui m’occupa depuis 2 heures après midi, jusqu’à 9 heures du soir. Le 24 La riviere estfut
couverte de Glace : je recûs une lettre du Comte Orlow, qui me marquà entre autre que S.
M.I. vient de declarer mon frère cadet Lieutenant d’artillerie, et qu’Elle lui laissat le choix
du regiment dans lequel il aime mieux servir. Mon frère a là dessûs choisi le Regiment
des Bombardiers et a été aujourd’hui matin chez le Colonell Mellissino, Commendeur de ce
Regiment, qui l’a très bien recû. C’est effectivement une grace que S.M. lui fait, car selon
les loix mon frère n’auroit pû dévenir que tout au plus Enseigne. On enterra aujourd’hui
l’Ambassadeur de France ; la Fiebre pourpre a fait de terribles ravages de l’autre coté
de la ville. Ici sur à Wasiliostrow on en n’ n’en a rien ressenti. Ma femme fit quelques visites,
et nous eumes compagnie au souper. Hier le 25 : je continuai à faire faire sous
mon inspection l’inventaire du defunt Pasteur ; la rivière fût encore inondée de
Glace. Aujourd’hui rien de remarquable, j’eai encore quelques lettres à ecrire.
Ring a obtenû une bonne pension, j’en suis charmé et doublement charmé, puisque je
crois que cette pension est une suite de la vocation que je lui avois adressé. Demandez-
le, Monsieur et très-honoré Oncle ! s’il ne souhaitoit pas prendre chèz lui pour
quelque tems un ou deux russes, qui sont dejà bien habile dans les ouvrages de Mechanique ?
et sous quelles conditions il les voudroit prendre ? il pourra les employer à toutes sorte
d’ouvrage, pourvû qu’ils se perfectionnent sondans l’art. de faire toutes sortes d’Instrumens.
Ou bien si Ring ne les voudroit pas, ayez la bonté, Monsieur et très honoré Oncle, de faire
faire les mêmes propositions au Mechanicien Koch. Pourvû que l’Academie arrive
au bût proposé, qui est, que ces russes se perfectionnent dans leur metier. Il est
tems de finir. Recevez ici, Monsieur mon très-chèr et très honoré Oncle ! mille
Complimens, Civilités et Respects de mon père, ma mère, ma femme, mes frères et sœurs, Enfans
etc. Mon Père se porte aujourd’hui beaucoup mieux, et le reste, excepté toujours ma pauvre
Tante Xsell, jouissent d’une parfaite santé : je Vous prie aussi très-honoré Oncle
de faire agréer à Madame Votre épouse, Mlles Vos filles et toute Votre aimable
famille, nos devoirs et amitiés. Pour nos autres Connoissances et parens de Berlin, Vous
leur direz de nôtre part que nos sentimens de respect, reconnoissance et amitié sont ineffaçables
ne s’efaceront jamais de nos cœurs, et que nous nous recommendons les prions de nous rendre la pareille.
Il est tems que je reprenne mon journal, pour Vous en transcrire un extrait : j’etois resté au 2 de Mars, auquel jour je fis encore quelques visites : d’ailleurs, rien de remarquable le 3 de même. Le 4 je fûs à l’eglise françoise, nous dinames en grande Compagnie chez Papa, nous allames ensuite promener en trainteaux au nombre de 12 : le soir la Compagnie passâ chez moi et restâ à souper. La Maladie de mon père commença le lendemain (le 5) avec des fortes douleurs de rhumatisme : le Prof. Fracher qui devoit diner chez Papa, dina chez moi : le 6 mon père se fit appliquer une mouche cartarite le 7. Je fis quelques visites, et je me rendis ensuite à la Societé oeconomique, où je me fis donner une emprinte d’argent de la Medaille pour le prix à 35 Ducats. et pour laquelle je païai 5 Roubles 85 Cop. La medaille represente le buste de S.M.I. avec cette legende Е. М. Екатерина. II. Импераm и самодер bсероссïuск c.à.d. Catherine II. Imperatrice et Autocratrice de toutes les Russies.
On voit sur le Revers une figure femelle tenant d’une main un laurier et de l’autre la caducée, elle est assise sur des gerbes, et de loin se présente des champs, un laboureur etc. La legende en est a c.a.d. Pro labore à peu près. le 8. Mon père se fis appliquer une fontenelle. Il-y-avoit chez moi grande compagnie et entre autre une de mes cousines, née à Astracan et mariée depuis peu avec un Marchand anglois et né à Orchangel : le 9 rien de remarquable : le 10 de même excepté les visites que je recûs.Mon père commença à se mieux porter : le 11 nous primes subitement la resolution d’aller à Cronstadt, je fis atteler deux grands Traineaux, ma femme, mes enfans et moi se placerent dans l’un, et mon frère le Medecin avec sa femme et Mll. Lehmann dans l’autre, nous partimes vers midi et arrivames heureusement vers 2 heures après midi. en traversant tout droit la mèr : nous descendimes chez ma Cousine Wilson, la même dont je viens de parler : nous y fûmes très magnificement régalé, et mes autres parens, qui demeurent à Cronstadt, nous vinrent voir ; nous leur rendimes la visite le lendemain matin et après nous avoir promené en cette ville, nous nous remimes en chemin vers 1 heures après midi et à 3 heures nous fûmes de route chez nous. Je recû encore ce même jour (le 12) la visite de Mr. de Stehlin, qui me communiquâ la lettre très notable de S.M.I. dont il Vous aura sans doute envoé Copie. Le 13. beaucoup des visites rendues et recûes reciproquement sans qu’aucune ne se soit perdûe. Mon père continua de se mieux porter. Le 14. je rendis visite à feu notre Pasteur Dilhei qui alors étoit bien mal, il étoit tout à fait paralitique, je fis encore quelques autres visites ; je me promenai ensuite en voiture avec ma femme. Le 15 je commencai à prendre des leçons pour apprendre la langue russe, nous avions quelques uns à diner, et le soir nous passames chèz le Prof. Fischer, où il y avoit grande compagnie. Le 16 rien de remarquable, le 17 de même, le 18 nous dinames tous chèz mon père, qui même étoit de la compagnie et de très bon humeur : le soir chez mon frère le Docteur.
Le 19. je reçûs de lettres de Vous très-honoré Oncle. Nous eumes une Visite d’une Cousine de Cronstadt née en Perse, et comme la Glace de la rivière commenca à devenir impracticable pour traverser, elle resolû de demeurer chez moi jusqu’à ce que la Communication par eau sera ouverte. Le 20. mon père rétomba malade, ce n’etoient plus des douleurs de rhumatisme au bras mais des douleurs au bas ventre accompagnée des terribles angoisses : j’eus quelques personnes à souper. On commenda des sentinelles pour empecher qu’aucune voiture *ne* passât la rivière, et on construisit un petit pont pour pouvoir traverser à pied. Le 21, j’en fis l’experience, je passai avec Mr. de stehlin le petit pont, je me mêttai ensuite dans sa voiture et je dinai chez lui ; nous allâmes de là à la Societé Oeconomique : Mr. Model me remanas jusqu’au petit pont et mon carosse m’attendoit dejà de notre coté. Le 22. je me promenai à pied et j’allai faire ma réverence au Comte Hetmann Rasoumowski, ce Seigneur me recût très gracieusement il s’entertint avec moi une bonne demi heure, mais il ne me parla point des affaires academiques. Le 20, je recûs quelques visites ; Le 24 rien de remarquable ; Le 25. j'eus une nombreuse compagnie chez moi, qui resta à souper: Le 26 je fis quelques visites. Le 27. j’eus une grande épouvante : etant à la Commission, on vint me dire, que je devois à l’instant me rendre à la maison, mon père tendant à sa fin : je me précipitai dans la voiture, et effectivement je trouvai mon père très mal : mon frère avoit fait appeler encore un second medecin. Heureusement les terribles angoisses, cesserent, et mon père echapà. Notre Pasteur Dilthei prit ce même jour une fièvre pourpée, on fit appeler mon frère pour assister à un conseil des medecins, mais la situation de mon père ne le lui permit pas. Le 28 je reçûs la triste nouvelle que notre digne et bien-aimé Pasteur etoit mort à 3 heures du matin. Nous sommes aprésant dans un très grand embarras et nous ne savons pas d’où prendre un autre à la place du defunt ; on nous a récommendé le Prof. Kulenkamp de Gottingue, mais Dieu sait s’il l’acceptera. Si Vous savez, Monsieur et très-honoré Oncle quelqu’un, qui fût en etât de precher en françois et en allemend, Vous obligerez infiniment notre Eglise en nous l’indicant : nous souhaitons avoir un bon predicateur, et nous lui donnerons volontiers 600 Roubles ( feu Dilthei n’avoit que 500) il aura encore logement, Valets, bois et chandelles franc, et la communauté ne manquera pas de lui procurer mille petite benefices. Mon pere commencâ à se mieux porter. Le 29 rien de remarquable : Le 30, Mon frère le medecin et moi allâmes à l’église françoise, où le Pasteur suedois prononça le discours funebre du defûnt Pasteur. toute la communeaité étoit présente excepté quelques dames et quelques autres qui demeurant à Wasiliostrow, ne pouvoient pas passer la rivière. Le defunt fût ensuite porté dans le Cavôt de l’eglise de St. Pierre, d’où il a eté transporté par eau aux cimetières de notre église qui est à Wasiliostrow. Le 31. Rien de remarquable. Le 1 Avril j’allais avec ma femme dans l’église lutherienne de Wasiliostrow. Nous passâmes la soirée chez mon frère le medecin : La Glace de la rivière rompit, le petit pont fût dechiré, et il-y-eut quelques pauvres gens de noyés. Le 2 je reçus
recû une Lettre de Vous. Le 3. Quelques visites. Le 4 jour de naissance de mon cher père, qui s’etablissoit peu à peu ; Le 5 jour de naissance de ma mère : il gelà bien fort cette nuit. Le 6. La rivière fût de nouveau couvert de Glace eton avoit de la peine à traverser en chaloupe. Mr. de Stehlin me fit dire que Gmelin etoit heureusement arrivé : ma femme se fit saigner et se promenà en voiture. Le 7. Mon frère Cadet et moi traversames en Chalouppe et firent plusieures visites de l’autre coté ; nous dinames chez Mr. de Stehlin, et y fimes connoissance avec Gmelin, qui nous accompagna ensuite chèz nous, après quoi nous l’envoyâmes voir son logis academique. Le 8. Nous dinames tous chez mon père ; la rivière fût de nouveau couverte de Glace et devint presque solide : on m’assura que quelques soldats aient traversé la rivière à pied : cependant la Glace s’en allâ encore le même jour ; j’avois à souper la compagnie de dimanche. Deux anciens et deputés de notre Eglise vinrent m’avertir que le consistoire avoit jugé à propos de me nommer tûteur du jeune Dilthei : je l’acceptai à condition que ces messieurs me joignissent un Aide qui soit mieux au fait des affaires d’ici que je le suis : ce ci me fût accordé et on me donnâ pour Aide le Pasteur Suedois ; je dois aussi prendre place au consistoire pour aider à regler toutes les affaires de l’eglise. Le 9 je dinai chez le Feldmarschal Munnich en nombreuse compagnie . Ce Seigneur se porte aprésent très bien et a été extremement joyeux : il avoit justement recû la nouvelle que sa petite fille etoit devenue Grand-mère. Le 10 je recûs quelques visites. Le 11, les deux anciens de notre église vinrent encore me voir, comme mon père se portait assés bien, je les menai chez lui et nous y dinames. Le 12 Rien de remarquable. Le 13, Ma femme et moi traversâmes la rivière (toujours en Chalouppe, car avant que toute la Glace du Lac de Ladoga ne soit passé, on ne pensera pas à remêttre le grand Pont) nous fimes une visite à Mad. Poggenpohl, qui nous invita de venir diner Lundi prochain. Le 14 j’eus la visite de Mr. de Stehlin ; mon père prit une forte colique. Le 15, ma femme, mes enfans et moi promenèrent en voiture : le soir chèz mon frère le medecin, où il-y-avoit compagnie : Le 16 fût introduit le Prof. Gmelin: mon beau-frère, ma soeur déleu, ma femme et moi allerent diner chez Poggenpohl; c'étoit mon jour de mariage et il y avoit grande Compagnie: j’ecrivai encore le même jour prèsque à minuit une lettre à Vous, Monsieur et très-chèr Oncle : mon père devint fort mal. Le 17. mon père se porta mieux : les anciens de l’eglise me vinrent voir et rapporter les reponses qu’ils ont eu de Moskou, Le. 18. Mon père continue à se mieux porter ; ma femme fit quelques visites et j’allais à la Societé oeconomique. Le 19 j’ecrivai dix lettres excepté les billets ; je compte que Vous aurez recû Monsieur et très-honoré Oncle ! celle que je Vous avois adressé. Le 20 nous dinames tous chez mon père, en nombreuse compagnie. Le 21 de grand matin à 7 heures, je fûs chez le jeune Dilthei et le menai présenter au General Polmann, à qui le Comte Grégoire Orlow avoit donné ordre de fournir tout ce que ce pauvre Orphelin pouvoit avoir besoin ; je fis encore quelques visites : c’etoit d’ailleurs un jour de Grand Galla, et toute la ville fût illuminées. J’avois quelques Gartes à souper. Le 22. Encore une grande inondation de Glace
Mon père reprit son rhumatisme, d’ailleurs il se portoit assés bien. La Compagnie du Dimanche etoit chèz moi. Le 23. je commencai à faire faire l’inventaire des effèts du defunt Pasteur, ce qui m’occupa depuis 2 heures après midi, jusqu’à 9 heures du soir. Le 24 La riviere fut couverte de Glace : je recûs une lettre du Comte Orlow, qui me marquà entre autre que S. M.I. vient de declarer mon frère cadet Lieutenant d’artillerie, et qu’Elle lui laissat le choix du regiment dans lequel il aime mieux servir. Mon frère a là dessûs choisi le Regiment des Bombardiers et a été aujourd’hui matin chez le Colonell Mellissino, Commendeur de ce Regiment, qui l’a très bien recû. C’est effectivement une grace que S.M. lui fait, car selon les loix mon frère n’auroit pû dévenir que tout au plus Enseigne. On enterra aujourd’hui l’Ambassadeur de France ; la Fiebre pourpre a fait de terribles ravages de l’autre coté de la ville. Ici à Wasiliostrow on n’en a rien ressenti. Ma femme fit quelques visites, et nous eumes compagnie au souper. Hier le 25 : je continuai à faire faire sous mon inspection l’inventaire du defunt Pasteur ; la rivière fût encore inondée de Glace. Aujourd’hui rien de remarquable, j’eai encore quelques lettres à ecrire.
Ring a obtenû une bonne pension, j’en suis charmé et doublement charmé, puisque je crois que cette pension est une suite de la vocation que je lui avois adressé. Demandez- le, Monsieur et très-honoré Oncle ! s’il ne souhaitoit pas prendre chèz lui pour quelque tems un ou deux russes, qui sont dejà bien habile dans les ouvrages de Mechanique ? et sous quelles conditions il les voudroit prendre ? il pourra les employer à toutes sorte d’ouvrage, pourvû qu’ils se perfectionnent dans l’art. de faire toutes sortes d’Instrumens. Ou bien si Ring ne les voudroit pas, ayez la bonté, Monsieur et très honoré Oncle, de faire faire les mêmes propositions au Mechanicien Koch. Pourvû que l’Academie arrive au bût proposé, qui est, que ces russes se perfectionnent dans leur metier. Il est tems de finir. Recevez ici, Monsieur mon très-chèr et très honoré Oncle ! mille Complimens, Civilités et Respects de mon père, ma mère, ma femme, mes frères et sœurs, Enfans etc. Mon Père se porte aujourd’hui beaucoup mieux, et le reste, excepté toujours ma pauvre Tante Xsell, jouissent d’une parfaite santé : je Vous prie aussi très-honoré Oncle de faire agréer à Madame Votre épouse, Mlles Vos filles et toute Votre aimable famille, nos devoirs et amitiés. Pour nos autres Connoissances et parens de Berlin, Vous leur direz de nôtre part que nos sentimens de respect, reconnoissance et amitié ne s’efaceront jamais de nos cœurs, et que nous les prions de nous rendre la pareille.
Je suis avec un profond respect Monsieur mon très-chèr et très honoré Oncle Votre très humble et très-obeïssant Serviteur et Ami J. Albert Euler