Briefe und Texte
aus dem intellektuellen
Berlin um 1800

Brief von Adolf von Buch an Louis de Beausobre (Dresden, 23. Dezember 1763)

 

 

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      Monsieur et tres cher Ami,

      Vous aurés appris par ma derniere lettre le nouveau changement, qui vient d’arriver ici,
      et qui change entierement la façe des affaires. Feu l’Electeur s’êtant declaré concurrent
      pour la Couronne de Pologne, ma personne êtoit de quelque importance ici, à cause de l’in-
      fluence, que le Roi peut avoir dans les affaires de ce Royaume; à present le poste de Dres-
      de
      est peut-être le moins important de tous. Vous ne sauriés Vous imaginer, quels contes on
      a fait sur mon sujet à cette occasion. Comme on savoit, qu’à la mort du feu Roi j’avois
      fait passer un Courier, quoique les portes êtoient fermées, on êtoit persuadé, que j’aurois fait
      la meme chose a present. Ma maison donnant sur le rempart et ayant une sortie de ce coté là
      on avoit fait l’histoire, que, dés que l’Electeur avoit pris la petite verole, j’avois fait coucher
      un de mes gens hors de la ville, et qu’a là nouvelle de la mort j’avois fait partir trois fu-
      sées du rempart, pour l’avertir, de se mettre en chemin. Il y a des personnes, qui m’ont raconté cette histoire
      avec un grand détail, et qui m’ont soutenu en face, que nombre de sentinelles
      avoient soutenu juridiquement d’avoir vu partir ces fusées,. On a imaginé encore bien d’au-
      tres moyens, dont on pretend, que je me suis servi, pour faire partir le Courier; cependant la ve-
      rité est, que je n’ai appris la mort de l’Electeur, que 4 heures, aprés qu’elle êtoit arrivée,

      que je dormois tranquilement, lorsqu’à 6heures du matin mon valet de chambre m’a eveillé
      pour me l’annoncer. Comme les portes êtoient fermées, qu’il faisoit grand jour, et que je ne crus
      pas la chose assés importante pour exposer quelqu’un à une avanture facheuse, je n’ai fait partir
      l’estaffette, que le lendemain, après, que les portes furent ouvertes; mais Vous pourrés juger
      par là de la reputation des Ministres Prussiens en fait de vigilance et de ruses. Cependant
      cette mort fait de nouveau de Dresde une solitude plus affreuse, que jamais, et il devient
      presque impossible, d’en soutenir l’ennui; j’ai donné mardi un petit dîner aux Ministres etrangers
      de 8 ou 10 personnes; mais j’ai taché de donner à cela l’air d’un petit repas d’amis; j’avois [...]
      inquietudes, que cela iroit mal, parceque ni moi, ni mes gens savent ce qu’il faut, pour servir une
      table, mais cela s’est passé fort bien, et le diner m’a paru aprés coup meilleur à moi-même, que je
      ne l’aurois cru. Je Vous entretiens de toutes mes foiblesses, maïs je Vous prie, que cela reste
      entre nous. Je ne sai pas, si dans les circonstances presentes je resterai ici; ce qu’il y a de
      sûr, c’est que je ne le souhaite pas. Malgré tout ce que Vous me dites, l’experience me
      prouve de plus en plus, que je ne serai à ma place et heureux, que quand je demeurerai
      à Stolpe. Je souhaite ardemment l’arrivée du moment, où cela peut se faire de b[...]
      grace, et si j’y ai quelquefois la societé de mes amis, il n’y a homme au monde
      que j’envierai. Cura ut valeas.

      Monsieur et tres cher Ami,

      Vous aurés appris par ma derniere lettre le nouveau changement, qui vient d’arriver ici, et qui change entierement la façe des affaires. Feu l’Electeur s’êtant declaré concurrent pour la Couronne de Pologne, ma personne êtoit de quelque importance ici, à cause de l’influence, que le Roi peut avoir dans les affaires de ce Royaume; à present le poste de Dresde est peut-être le moins important de tous. Vous ne sauriés Vous imaginer, quels contes on a fait sur mon sujet à cette occasion. Comme on savoit, qu’à la mort du feu Roi j’avois fait passer un Courier, quoique les portes êtoient fermées, on êtoit persuadé, que j’aurois fait la meme chose a present. Ma maison donnant sur le rempart et ayant une sortie de ce coté là on avoit fait l’histoire, que, dés que l’Electeur avoit pris la petite verole, j’avois fait coucher un de mes gens hors de la ville, et qu’a là nouvelle de la mort j’avois fait partir trois fusées du rempart, pour l’avertir, de se mettre en chemin. Il y a des personnes, qui m’ont raconté cette histoire avec un grand détail, et qui m’ont soutenu en face, que nombre de sentinelles avoient soutenu juridiquement d’avoir vu partir ces fusées. On a imaginé encore bien d’autres moyens, dont on pretend, que je me suis servi, pour faire partir le Courier; cependant la verité est, que je n’ai appris la mort de l’Electeur, que 4 heures, aprés qu’elle êtoit arrivée,

      que je dormois tranquilement, lorsqu’à 6heures du matin mon valet de chambre m’a eveillé pour me l’annoncer. Comme les portes êtoient fermées, qu’il faisoit grand jour, et que je ne crus pas la chose assés importante pour exposer quelqu’un à une avanture facheuse, je n’ai fait partir l’estaffette, que le lendemain, après, que les portes furent ouvertes; mais Vous pourrés juger par là de la reputation des Ministres Prussiens en fait de vigilance et de ruses. Cependant cette mort fait de nouveau de Dresde une solitude plus affreuse, que jamais, et il devient presque impossible, d’en soutenir l’ennui; j’ai donné mardi un petit dîner aux Ministres etrangers de 8 ou 10 personnes; mais j’ai taché de donner à cela l’air d’un petit repas d’amis; j’avois [bien d'] inquietudes, que cela iroit mal, parceque ni moi, ni mes gens savent ce qu’il faut, pour servir une table, mais cela s’est passé fort bien, et le diner m’a paru aprés coup meilleur à moi-même, que je ne l’aurois cru. Je Vous entretiens de toutes mes foiblesses, maïs je Vous prie, que cela reste entre nous. Je ne sai pas, si dans les circonstances presentes je resterai ici; ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne le souhaite pas. Malgré tout ce que Vous me dites, l’experience me prouve de plus en plus, que je ne serai à ma place et heureux, que quand je demeurerai à Stolpe. Je souhaite ardemment l’arrivée du moment, où cela peut se faire de b[onne] grace, et si j’y ai quelquefois la societé de mes amis, il n’y a homme au monde que j’envierai. Cura ut valeas.