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Me voilà enfin retabli & en état de répondre à Vos deux chères
Lettres du 31. Octob : et 14 Nov : comme je ne voudrois pas causer à
mon père un port double, je suis obligé d’être aussi brief que possible,
je n’ecrirai qu’à Vous seul, mon cher Oncle, en Vous priant de faire
mes excuses à mon beau-père ; à qui j’ai ecris, tremblant de foiblesse,
il-y-aura quinze jours ou 3 semaines : il pourra Vous en revanche
Vous communiquer cette lettre, par laquelle Vous apprendrez la mort
de ma chère Tante GGsell, et plusieurs autres nouvelles interressantes,
desorte que jepuisse me passer de Vous les repeter. Mon père
est sorti aujourd’hui pour la première fois à l’Academie, après avoir
essuïé une très grande maladie : je l’aurois bien accompagné, mais
une diarrhée m’empeche de quitter la chambre : tous nos malades
se portent à présent mieux. Hans est sur pied, ma sœur ainée sans
fievre &c excepté ma belle sœur, (femme du Docteur et enceinte)
avec sa demoiselle Clement, qui sont gardent encore tojours le lit : c’est une
espèce de fièvre épidemique. Ma femme est dejà depuis quelque
tems rétabli de sa fluxion ; elle sent bien encore de tems en tems
quelques douleurs, mais ce qui ne lui ont pas cependant empeché
de faire hier le trajet de la neva en petit traineau et rendre
visite à ma belle sœur. Je crois que c’est tout ce qui regarde nos malades.
La joïe que nous a causé la nouvelle, avec laquelle Vous commencez
Votre premiere lettre, est au dessus de toute expression : Vos chèrs
fils, Monsieur et très-honoré Oncle, sont donc pour jamais à l’abri
de la petite verole ! que Dieu en soit loué ! qu’il Vous les conserve
et Vous fasse la grace de les voir grands et élévés. Mais tant
qu’il-y-aura un Meckel à Berlin, pourquoi faire venir d’Angleterre
un Suntherland ? La mort de Votre canarie, très-honoré Oncle, nous
touche, parce que c’est Vous qui l’affectionnoit. Si les souris font des
ravages chèz Vous ; les Râts, dont notre maison fourmille, ne font
pas moins chez nous ; au surplus on n’a point de souricière
dans toute la ville de Petersbourg, et les châts quelques gros et quelques cou-
rageux qu’ils soient, sont obligé de céder : les rats ont ayant même tirés quelques uns
de nos chats. Il me semble que Convenant et Sonntag s’accorderoient
très bien devant un traineau de Petersbourg. Ce ne sont pas là des
gens pour faire le bonheur de Mll. Votre fille, dont le merite ne
manquera pas d’être recompensé d’une façon bien plus avantageu-
se. Comment va l’affaire des Behmers ? dont Vous ne nous man-
dez plus rien. Le Comte de Fermor est encore toujours à Moskau avec
son père malade, il n’a fait que passer par Petersbourg, où on disoit
justement le General Fermor mort. Je ne comprens pas pouquoi
Nicolai ne m’a pas envoïé les livres que je lui ai demandé ?
me croit-il fors d’état de païer ? j’espère que Vous ferez caution
Monsieur et très honoré oncle. Dans ce moment je viens de recevoir
Votre troisième lettre du 1. Dec : j’ai dejà repondû à l’article essentiel
du contenû. Mon père n’avoit aussi qu’une fievre de fluxion, mais
ces fievres à la mode depuis le tems pluvieux que nous avons eu
en Septembre Ocet Octobre sont un tant soit peu dangereuses, vû
qu’il y a des exemples fréquens que des gens en sont morts ; aussi
ne s’en retablit on qu’au bout de 4 à 6 semaines. La corresponden-
ce de S.M.I. avec l’Acad : de Berlin a été pour nous une nouvelle
très nouvelles : car depuis que la Cour est à Moscou on n’apprend
rien du tout à St : Petersbourg de tous ce qui s’y passe.
Je felicite Mr. Bernouilli de son nouveau emploi et espère qu’il sera maintenant
à son aise, et qu’il ne pensera plus à St. Petersb. qui sera toujours
un endroit plus convenable pour lui. La Continuation de la santé
des Vos chèrs petits, mon très-honoré Oncle nous fait un plaisir
infini. Les miens sont bien gaye et de bon humeur. Le Comte de
Gollovin le père, ou plustôt la mère, s’est bien mal adressé pour
à l’égard de Mr. son fils à Berlin ; je les leur avoit predit et
donné des tout autres conseils. Le Comte de Fermor n’est pas
mort, c’étoit un faux bruit. Vous recevrez infailliblement
Votre Semestre vers la fin de cette année selon notre Style.
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Ma femme m’ayant porté les deux lettres ci-joints, je me suis ravi-
sé ; je compte d’écrire aussi à mon beau père et de païer le
reste du port. Voici une Portrait très fidele de S.M.I ;il
résemble au mieux : nous le vendons ici à l’Academie avec
l’Almanac de la Cour, dont il fait le principal ornement.
Il me semble qu’il vaudra bien une place dans Votre cabinet.
Je retourne à vos premières lettres, Monsieur et très honoré
Oncle, en déprouvant d’abord très fort l’intention de M. de la
B. à l’égard de sa fille, et enen refusant continuellement à
la marier : je plains ma pauvre cousine. Que le ciel veuille
hater le bonheur des Wartenslebe, et nous rendre par là plus
riche d’une rente de 25 ecus ! Votre idée, mon très cher
Oncle, par rapport au General Feldmarechal Munnich, ne me
paroit pas moins susceptible d’execution, aprésent qu’Il est
mort. Ce Seigneur s’occupoit avant sa fin à dicter le cours
de sa vie, et me disoit 4 semaines avant son déces, qu’il étoit
venû jusqu’à 1711. Je ne sais donc pas, s’il aura fini son
histoire, étant tombé malade (je crois) deux semaines après.
Mais je pourrois après le retour de la Cour aller chèz le Pré-
sident Münnich son fils, et lui proposer de Votre part, ce que
Vous avez eu la bonté de me marquer : je crois que seulement
il la goutera et Vous rendracommuniquera tous les materieaux necessaires
pour ecrire ses memoires. Je suis toujours très conten de mes pension-
naires. Le Comte Gollovin est bien un enfant gaté de la mère et reste
quelques fois des semaines entières au logis : mais cela ne fera d’autre
mal que celui, qu’il restera toujours un ignorant. Ma femme a très
bien connue Mad. Müller à Berlin, mais la personne recommendée par
Mad. Jarry lui reste toujours inconnue. Mon père vient aujourd’hui
de recevoir une lettre du Past. Convenant le fils sous l’adresse
à mons. Euler Professeur au Service de S.M. la Reine de Russie. Il
s’offre pour nôtre église réformée, en cas qu’il puisse être ici
très à son aise. Je dis avec Vous, très honoré Oncle, jugez
combien cela nous tente et je lui repondrai avec la première
occasion. Mais Vous, mon très chèr Oncle, Vous ne voulez pas
nous recommender des Pasteurs habiles ? il-y-aura bientôt
un an et demi que je n’ai pas communié, et si cela dure encore
quelque tems, je serai tenté de Vous prier de me rétrouver une
bonne place à Berlin. En effèt, si je n’étois pas en quelque manière bientrop lié à mon père, je ne saurois ce que je ferois. Je sens
en moi une espèce d'e prie envie, dont peut-être personne pourra
avoir une idée que celui qui comme moi a été exempt de ce
divin acte de religion pendant 1 ½ anée. Que Mr. de Schlabbern-
dorf mette un prix sur sa question d’oeconomie, et il la verra
bientôt résolue. Mr. de Stehlin Secretaire de notre Societé libre
d’Oeconomie a dejà repo reçû 120 Pieces ; je doute que je les
lirai toutes ; et le mois de Decembre n’est pas encore finie, il pourroit
bien en arriver encore une vingtaine. L’Incluse au Marggrave est
de mon pere, elle est de la main de son adjoint Krafft, Vous aurez la
bonté, mon très chèr Oncle, de la faire remèttre.
je finis, et comme cette année va de même se finir de même, je
Vous supplie, Monsieur et très-honoré Oncle, de vouloir bien avec
celle-ci agréer mes très-humbles felicitations, en souhaitant
à Vous et toute Votre digne Famille, Mad. Vôtre Epouse, Mlls. Vos
chères filles etaussi bien qu’aux chèrs fils une vie remplie
de toute sorte de prosperités. Mon père et ma mère et
toute notre famille font autant. Distribuez nos respects,
civilités et felicitations à toute notre connoissances à Berlin
et suppléez, s'il Vous plait, autant le reste.
Me voilà enfin retabli & en état de répondre à Vos deux chères Lettres du 31. Octob : et 14 Nov : comme je ne voudrois pas causer à mon père un port double, je suis obligé d’être aussi brief que possible, je n’ecrirai qu’à Vous seul, mon cher Oncle, en Vous priant de faire mes excuses à mon beau-père ; à qui j’ai ecris, tremblant de foiblesse, il-y-aura quinze jours ou 3 semaines : il pourra en revanche Vous communiquer cette lettre, par laquelle Vous apprendrez la mort de ma chère Tante Gsell, et plusieurs autres nouvelles interressantes, desorte que jepuisse me passer de Vous les repeter. Mon père est sorti aujourd’hui pour la première fois à l’Academie, après avoir essuïé une très grande maladie : je l’aurois bien accompagné, mais une diarrhée m’empeche de quitter la chambre : tous nos malades se portent à présent mieux. Hans est sur pied, ma sœur ainée sans fievre &c excepté ma belle sœur, (femme du Docteur et enceinte) avec sa demoiselle Clement, qui gardent encore tojours le lit : c’est une espèce de fièvre épidemique. Ma femme est dejà depuis quelque tems rétabli de sa fluxion ; elle sent bien encore de tems en tems quelques douleurs, qui ne lui ont pas cependant empeché de faire hier le trajet de la neva en petit traineau et rendre visite à ma belle sœur. Je crois que c’est tout ce qui regarde nos malades. La joïe que nous a causé la nouvelle, avec laquelle Vous commencez Votre premiere lettre, est au dessus de toute expression : Vos chèrs fils, Monsieur et très-honoré Oncle, sont donc pour jamais à l’abri de la petite verole ! que Dieu en soit loué ! qu’il Vous les conserve et Vous fasse la grace de les voir grands et élévés. Mais tant qu’il-y-aura un Meckel à Berlin, pourquoi faire venir d’Angleterre un Suntherland ? La mort de Votre canarie, très-honoré Oncle, nous touche, parce que c’est Vous qui l’affectionnoit. Si les souris font des ravages chèz Vous ; les Râts, dont notre maison fourmille, ne font pas moins chez nous ; au surplus on n’a point de souricière
dans toute la ville de Petersbourg, et les châts quelques gros et quelques courageux qu’ils soient, sont obligé de céder : les rats ayant même tirés quelques uns de nos chats. Il me semble que Convenant et Sonntag s’accorderoient très bien devant un traineau de Petersbourg. Ce ne sont pas là des gens pour faire le bonheur de Mll. Votre fille, dont le merite ne manquera pas d’être recompensé d’une façon bien plus avantageuse. Comment va l’affaire des Behmers ? dont Vous ne nous mandez plus rien. Le Comte de Fermor est encore toujours à Moskau avec son père malade, il n’a fait que passer par Petersbourg, où on disoit justement le General Fermor mort. Je ne comprens pas pouquoi Nicolai ne m’a pas envoïé les livres que je lui ai demandé ? me croit-il fors d’état de païer ? j’espère que Vous ferez caution Monsieur et très honoré oncle. Dans ce moment je viens de recevoir Votre troisième lettre du 1. Dec : j’ai dejà repondû à l’article essentiel du contenû. Mon père n’avoit aussi qu’une fievre de fluxion, mais ces fievres à la mode depuis le tems pluvieux que nous avons eu en Septembre et Octobre sont un tant soit peu dangereuses, vû qu’il y a des exemples fréquens que des gens en sont morts ; aussi ne s’en retablit on qu’au bout de 4 à 6 semaines. La correspondence de S.M.I. avec l’Acad : de Berlin a été pour nous une nouvelle très nouvelles : car depuis que la Cour est à Moscou on n’apprend rien du tout à St : Petersbourg de tous ce qui s’y passe. Je felicite Mr. Bernouilli de son nouveau emploi et espère qu’il sera maintenant à son aise, et qu’il ne pensera plus à St. Petersb. qui sera toujours un endroit plus convenable pour lui. La Continuation de la santé des Vos chèrs petits, mon très-honoré Oncle nous fait un plaisir infini. Les miens sont bien gaye et de bon humeur. Le Comte de Gollovin le père, ou plustôt la mère, s’est bien mal adressé à l’égard de Mr. son fils à Berlin ; je le leur avoit predit et donné des tout autres conseils. Le Comte de Fermor n’est pas mort, c’étoit un faux bruit. Vous recevrez infailliblement Votre Semestre vers la fin de cette année selon notre Style.
Ma femme m’ayant porté les deux lettres ci-joints, je me suis ravisé ; je compte d’écrire aussi à mon beau père et de païer le reste du port. Voici un Portrait très fidele de S.M.I ;il résemble au mieux : nous le vendons ici à l’Academie avec l’Almanac de la Cour, dont il fait le principal ornement. Il me semble qu’il vaudra bien une place dans Votre cabinet. Je retourne à vos premières lettres, Monsieur et très honoré Oncle, en déprouvant d’abord très fort l’intention de M. de la B. à l’égard de sa fille en refusant continuellement à la marier : je plains ma pauvre cousine. Que le ciel veuille hater le bonheur des Wartenslebe, et nous rendre par là plus riche d’une rente de 25 ecus ! Votre idée, mon très cher Oncle, par rapport au General Feldmarechal Munnich, ne me paroit pas moins susceptible d’execution, aprésent qu’Il est mort. Ce Seigneur s’occupoit à dicter le cours de sa vie, et me disoit 4 semaines avant son déces, qu’il étoit venû jusqu’à 1711. Je ne sais donc pas, s’il aura fini son histoire, étant tombé malade (je crois) deux semaines après. Mais je pourrois après le retour de la Cour aller chèz le Président Münnich son fils, et lui proposer de Votre part, ce que Vous avez eu la bonté de me marquer : je crois que seulement il la goutera et Vous communiquera tous les materieaux necessaires pour ecrire ses memoires. Je suis toujours très conten de mes pensionnaires. Le Comte Gollovin est bien un enfant gaté de la mère et reste quelques fois des semaines entières au logis : mais cela ne fera d’autre mal que celui, qu’il restera toujours un ignorant. Ma femme a très bien connue Mad. Müller à Berlin, mais la personne recommendée par Mad. Jarry lui reste toujours inconnue. Mon père vient aujourd’hui de recevoir une lettre du Past. Convenant le fils sous l’adresse
à mons. Euler Professeur au Service de S.M. la Reine de Russie. Il s’offre pour nôtre église réformée, en cas qu’il puisse être ici très à son aise. Je dis avec Vous, très honoré Oncle, jugez combien cela nous tente et je lui repondrai avec la première occasion. Mais Vous, mon très chèr Oncle, Vous ne voulez pas nous recommender des Pasteurs habiles ? il-y-aura bientôt un an et demi que je n’ai pas communié, et si cela dure encore quelque tems, je serai tenté de Vous prier de me rétrouver une bonne place à Berlin. En effèt, si je n’étois pas en quelque manière trop lié à mon père, je ne saurois ce que je ferois. Je sens en moi une espèce d' envie, dont peut-être personne pourra avoir une idée que celui qui comme moi a été exempt de ce divin acte de religion pendant 1 ½ anée. Que Mr. de Schlabberndorf mette un prix sur sa question d’oeconomie, et il la verra bientôt résolue. Mr. de Stehlin Secretaire de notre Societé libre d’Oeconomie a dejà reçû 120 Pieces ; je doute que je les lirai toutes ; et le mois de Decembre n’est pas encore finie, il pourroit bien en arriver encore une vingtaine. L’Incluse au Marggrave est de mon pere, elle est de la main de son adjoint Krafft, Vous aurez la bonté, mon très chèr Oncle, de la faire remèttre.
je finis, et comme cette année va se finir de même, je Vous supplie, Monsieur et très-honoré Oncle, de vouloir bien avec celle-ci agréer mes très-humbles felicitations, en souhaitant à Vous et toute Votre digne Famille, Mad. Vôtre Epouse, Mlls. Vos chères filles aussi bien qu’aux chèrs fils une vie remplie de toute sorte de prosperités. Mon père et ma mère et toute notre famille font autant. Distribuez nos respects, civilités et felicitations à toute notre connoissances à Berlin et suppléez, s'il Vous plait, au reste.
je suis avec le plus profond respect Votre très-humble Serviteur et Neveu Jean Albert Euler