Briefe und Texte
aus dem intellektuellen
Berlin um 1800

Brief von Johann Albrecht Euler an Jean Henri Samuel Formey (Sankt Petersburg, 22. Februar 1768)

 

 

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à St : Petersbourg ce 22 Fevrier/4 Mars 1768
Monsieur mon très-chèr et très-honoré Oncle !

Aujourd’hui je ne Vous ecrirai que ce qui est le plus
préssant ; le tems me manque et les occupations me
persecutent plus que jamais. S.M.I. m’a chargé de
Vous dire, très-honoré Oncle, qu’Elle a reçû du Comte
Wolodimer Orlov
Vôtre second ouvrage concernant les
Dissidens, qu’Elle est charmée de voir que Vous prennez
un si grand interèt à cette importante affaire et
qu’elle Vous est bien obligé de Votre attention.

Quant à l’ouvrage de Physique, que Vous venez d’offrir
à l’Acad : Imp : des Sc : nôtre chef m’ordonne de Vous
mander qu’il auroit été charmé de l’accepter, mais qu’à-
près avoir consulté le Directeur de l’Imprimerie, il
s’est trouvé que tous les persgens y sont tellement
occupés à des ouvrages russes, qui toutes ne sauroient être
différés, désorte que nous ne pouvons pas même tenir
la parole que nous avons donné au public aet que
Vous avez encore fait inserer dans les journeaux et
Gazettes litteraires. Vôtre ouvrage, mon chèr Oncle,
risqueroit donc de rester plus qu’une année chez nous
avant que nous fussions en état de le faire imprimer ;
Et ce seroit un retardement dont le public nous auroit
peu d’obligations. Le Comte souhaiteroit donc que
Vous fissiez imprimer Votre ouvrage en Allemagne.
nous

nous ne manquerons pas d’en faire une bonne
provision, et après en avoir fait faire une traduction
nous profiterons de Votre permission et la ferons
imprimer dès que les ouvrages d’aprésent seront
achevés. Mon pêre a fait assembler hier les
membres du Consistoire. et j’espère que nous serons
d’aujourd’hui en huit en étât d’adresser au Pasteur
La Vigne
une vocation pour deservir notre église.
Il m’avoit ecrit et j’ai fait circuler sa lettre avec
un extrait de la Vôtre, mon très-honoré Oncle,
parmi les membres principaux de notre communeau-
té, qui tous paroissent en être très satisfaits. La
Société oeconomique s’assemble actuellement deux fois
par semaine : il y a 150 Pieces en tout, qui ont couté
316 Roubles de Port. Votre piece, mon très chèr
Oncle, roule parmis les Comtes Czernitschefs et Orlovs
qui ont été chargés d’examiner toutes les pieces
françoises et russes, et qui en entretiennent S.M.I.
A la lecture d’une de ces pieces on reconnût d’abord
l’Auteur qui est Mr. de Voltaire ; cette piece est divi-
nement bien ecrite mais au fond, elle ne vaut rien.
Le Grand Duc est arrivé ces jours-ci : le Comte
Panin
son Gouverneur se marie avec une comtesse Schere-
mettoff
, qui lui porte des bijoux pour 100 000 roubles, autant
en argent content et 12 000 païsans. Sur Votre der-
niere lettre Monsieur et très-chèr Oncle, le Comte
Gollovin
resolût d’abord, que son fils devoit quitter
Berlin pour aller passer une ou deux années à
Genève, il vient pour cet effet d’adresser une lettre
pour

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pour Mr de Zollickoffer, dans laquelle il tâche de
l’engager à accepter la place de Gouverneur auprès
de son fils sous des conditions très acceptables. Il
voulût d’abord engager Mr. de Sonntag, mais celui-ci
fûtrestât trop ferme dans s*l*a resolution de retourner dans sa
patrie, et il est effectivement parti d’ici, il n’y a pas
longtems. Rien ne transpire de la lettre remarquable
dont Vous avez eu la bonté de me faire confiance :
je soupçonne que le Roi au lieu de la faire expedier
a envoié une autre et qu’il a changé d’avis. Car (entre
nous) le Comte Gregori Orlov (le favorit) a dit que S.M.
I.
avoit reçû une lettre du Roi de Prusse, qui l’invite
d’accepter le titre de Protectrice de l’Ac : de Berlin.

On ne sait pas ce que S.M.I. y a repondû. Le Thermomètre
a été hier et avant hier à 26 dégrés de Reaumur
dessous le point de congelation. Les Professeurs Pallas et
Wolff ont été présenté hier au soir à S.M.I.

Il sonne minuit et je dois encore écrire quelques
lignes à mon beau père. Le Comte Orlov a ordonné
de faire faire une belle estampe de mon père.

Nous nous portons très bien, tous sans exception,
mille et milles complimens de toute ma famille,
à Vous très-honoré Oncle et aux Vôtres.


je suis avec un profond respect
Votre très-humble et très obeissant
Serviteur et Neveu

J. Albert Euler

Les 4 Berlinois qui ont offert leurs Services à S.M.
I.
comme je Vous l’ai marqué la derniere fois, ont
eu un refûs, leurs propositions n’étant pas accep-
tables.

à St : Petersbourg ce 22 Fevrier/4 Mars 1768 Monsieur mon très-chèr et très-honoré Oncle !

Aujourd’hui je ne Vous ecrirai que ce qui est le plus préssant ; le tems me manque et les occupations me persecutent plus que jamais. S.M.I. m’a chargé de Vous dire, très-honoré Oncle, qu’Elle a reçû du Comte Wolodimer Orlov Vôtre second ouvrage concernant les Dissidens, qu’Elle est charmée de voir que Vous prennez un si grand interèt à cette importante affaire et qu’elle Vous est bien obligé de Votre attention.

Quant à l’ouvrage de Physique, que Vous venez d’offrir à l’Acad : Imp : des Sc : nôtre chef m’ordonne de Vous mander qu’il auroit été charmé de l’accepter, mais qu’àprès avoir consulté le Directeur de l’Imprimerie, il s’est trouvé que tous les gens y sont tellement occupés à des ouvrages russes, qui toutes ne sauroient être différés, que nous ne pouvons pas même tenir la parole que nous avons donné au public et que Vous avez encore fait inserer dans les journeaux et Gazettes litteraires. Vôtre ouvrage, mon chèr Oncle, risqueroit donc de rester plus qu’une année chez nous avant que nous fussions en état de le faire imprimer ; Et ce seroit un retardement dont le public nous auroit peu d’obligations. Le Comte souhaiteroit donc que Vous fissiez imprimer Votre ouvrage en Allemagne. nous

nous ne manquerons pas d’en faire une bonne provision, et après en avoir fait faire une traduction nous profiterons de Votre permission et la ferons imprimer dès que les ouvrages présent seront achevés. Mon pêre a fait assembler hier les membres du Consistoire. et j’espère que nous serons d’aujourd’hui en huit en étât d’adresser au Pasteur La Vigne une vocation pour deservir notre église. Il m’avoit ecrit et j’ai fait circuler sa lettre avec un extrait de la Vôtre, mon très-honoré Oncle, parmi les membres principaux de notre communeauté, qui tous paroissent en être très satisfaits. La Société oeconomique s’assemble actuellement deux fois par semaine : il y a 150 Pieces en tout, qui ont couté 316 Roubles de Port. Votre piece, mon très chèr Oncle, roule parmis les Comtes Czernitschefs et Orlovs qui ont été chargés d’examiner toutes les pieces françoises et russes, et qui en entretiennent S.M.I. A la lecture d’une de ces pieces on reconnût d’abord l’Auteur qui est Mr. de Voltaire ; cette piece est divinement bien ecrite mais au fond, elle ne vaut rien. Le Grand Duc est arrivé ces jours-ci : le Comte Panin son Gouverneur se marie avec une comtesse Scheremettoff, qui lui porte des bijoux pour 100 000 roubles, autant en argent content et 12 000 païsans. Sur Votre derniere lettre Monsieur et très-chèr Oncle, le Comte Gollovin resolût d’abord, que son fils devoit quitter Berlin pour aller passer une ou deux années à Genève, il vient pour cet effet d’adresser une lettre pour

pour Mr de Zollickoffer, dans laquelle il tâche de l’engager à accepter la place de Gouverneur auprès de son fils sous des conditions très acceptables. Il voulût d’abord engager Mr. de Sonntag, mais celui-ci restât trop ferme dans s*l*a resolution de retourner dans sa patrie, et il est effectivement parti d’ici, il n’y a pas longtems. Rien ne transpire de la lettre remarquable dont Vous avez eu la bonté de me faire confiance : je soupçonne que le Roi au lieu de la faire expedier a envoié une autre et qu’il a changé d’avis. Car (entre nous) le Comte Gregori Orlov (le favorit) a dit que S.M. I. avoit reçû une lettre du Roi de Prusse, qui l’invite d’accepter le titre de Protectrice de l’Ac : de Berlin.

On ne sait pas ce que S.M.I. y a repondû. Le Thermomètre a été hier et avant hier à 26 dégrés de Reaumur dessous le point de congelation. Les Professeurs Pallas et Wolff ont été présenté hier au soir à S.M.I.

Il sonne minuit et je dois encore écrire quelques lignes à mon beau père. Le Comte Orlov a ordonné de faire faire une belle estampe de mon père.

Nous nous portons très bien, tous sans exception, mille et milles complimens de toute ma famille, à Vous très-honoré Oncle et aux Vôtres.

je suis avec un profond respect Votre très-humble et très obeissant Serviteur et Neveu J. Albert Euler

Les 4 Berlinois qui ont offert leurs Services à S.M. I. comme je Vous l’ai marqué la derniere fois, ont eu un refûs, leurs propositions n’étant pas acceptables.